La campagne virulente contre le Coran menée ces dernières années par Michel Onfray a récemment pris la forme d’une croisade vengeresse dans laquelle le dégoût, le mépris et la haine envers la religion musulmane sont continuellement alimentés.
Jusqu’ici, rien de vraiment anormal. Dans la France contemporaine, il est devenu tout à fait coutumier de voir ce type de « penseurs » occuper les plateaux télévisés d’émissions grand public. Il n’y a après tout rien de mieux pour dominer la course à l’audimat.
En revanche, ce qui est bien plus préoccupant avec l’agression calomnieuse d’Onfray, est que celle-ci soit rendue crédible par des animateurs télé qui sont supposés vérifier les accusations et débattre les arguments avancés par leur invité. Comme les médias français ne sont pas encore prêts à inviter des musulmans cultivés qui défendent leur religion, les interlocuteurs d’Onfray se retrouvent seuls avec leur ignorance manifeste, incapables de dénoncer l’imposture grossière du libre-penseur. Ce dernier, sachant parfaitement que ses propos ne sont jamais vérifiés, en profite pour se lâcher contre l’Islam comme une bête féroce à qui on a frayé le chemin de la victoire.
Loin de maitriser les notions élémentaires de la religion musulmane, Michel Onfray est victime d’une prétention risible et s’imagine être une sommité dans le domaine de l’Islam. Lors de débats sur les musulmans, il se permet de lancer :
« Je pars du principe que peu de gens connaissent le Coran et connaissent le texte sacré. »
Émerveillé par sa prodigieuse érudition, il s’est permis de remettre en place l’ancien ministre Alain Juppé en lui reprochant de ne pas avoir lu le Coran :
« Vous n’avez pas lu le Coran ?! C’est très grave ! … Je crois que se permettre d’avoir des avis sur l’Islam sans avoir lu le Coran, sans avoir lu des Hadites (sic) du Prophète, sans avoir lu une biographie du Prophète, c’est comme parler d’un film qu’on n’a pas vu, parler d’un roman qu’on n’a pas lu, discuter d’une cuisine qu’on n’a pas mangée… »
Une leçon de morale pénible pour Juppé qui lui est infligée par un philosophe païen qui a tout compris du Coran et qui, contrairement à Juppé, peut se permettre d’avoir des avis sur l’Islam. Attention, il ne faut surtout pas sous-estimer Michel, car il a lu des sourates, une poignée de Hadiths et la biographie du Prophète (‘aleyhi assalam) en langue française. Il revendique sa supériorité intellectuelle et atteste que ses connaissances et son questionnement de la religion musulmane sont tellement profonds qu’ils dérangent ses détracteurs qui, devant tout ce savoir accumulé, se voient dans l’obligation de jeter l’éponge et de la taxer d’islamophobe. Voici comment Michel se positionne en tant que victime de ses acquis scientifiques et historiques de l’Islam :
« L’Islam est un sujet sur lequel on ne peut pas s’exprimer. C’est-à-dire, il faut être soit complètement d’accord, et à ce moment-là on est dans le politiquement correct et à ce moment-là, il n’y a pas de problème. Si on commence à dire avez-vous lu le Coran ? Savez-vous ce qui se trouve dans le Coran ? Connaissez-vous les Hadites (sic) du Prophète ? Savez-vous ce qu’est la biographie du Prophète ? Savez-vous comment Mahomet (sic) s’est comporté dans l’Histoire ? Déjà, l’idée qu’on puisse penser cette question-là, c’est être islamophobe, immédiatement. »
Voyez-vous, Michel ne comprend peut-être pas une syllabe d’arabe et n’arrive peut-être pas à prononcer correctement le nom du Prophète (‘aleyhi assalam) [1], ses connaissances acquises des « Hadites » ne peuvent être mises en doute.
Loin de maitriser les notions élémentaires de la religion musulmane, Michel Onfray estime que peu de gens connaissent les textes sacrés de l’Islam.
Après s’être imposé en tant que fin connaisseur de l’Islam, Michel passe à une deuxième étape qui est celle de la conclusion irréfutable. C’est avec « beaucoup de peine dans le cœur » que Michel déduit que l’Islam est une religion intolérante qui prône haine et guerre :
« Hélas, il y a des choses qui sont données dans le Coran. J’estime qu’on devrait pouvoir en parler clairement. Quand on nous dit que c’est une religion d’amour, de paix et de tolérance, je vous dis : où trouvez-vous la paix, la tolérance et l’amour ? Entendons-nous bien, je parle de l’Islam, je ne parle pas des musulmans. Il y a un texte, un corpus avec des sourates — on le sait — clairement misogynes, phallocrates, antisémites, homophobes, elles existent. »
C’est bon, on commence à le comprendre, Michel. Il faut faire une distinction entre les musulmans et l’Islam. D’un côté, il y aurait un corpus islamique qui comprend des textes cruels, et de l’autre il y a les musulmans de France qui, fort heureusement, ne suivent pas ce contenu atroce omniprésent dans leur livre sacré. Pourquoi ? Parce qu’ils n’auraient pas de compréhension littérale des sourates. Selon Onfray, c’est bien grâce à une « compréhension républicaine » de l’Islam que les musulmans de France n’égorgent pas les juifs et les femmes dans les quatre coins de l’hexagone. Ouf ! Mais que ferait-on, nous les pauvres musulmans avec notre livre obscur et belliqueux, sans la République des Lumières !?
Soulagés d’entendre que les musulmans — tant qu’ils n’appliquent pas les textes du Coran — ne constituent aucune menace, les auditeurs se mettent à applaudir et remercient Onfray d'avoir discerné les bons musulmans de leur mauvaise religion.
Les propos de Michel Onfray par lesquels il alimente le mépris et la haine de la religion musulmane sont rendus crédibles par les animateurs télé qui sont incapables de dénoncer ses calomnies.
Rassurez-vous, Michel n’invente rien et soutient tous ses propos d’extraits issus du Coran. Dans l’émission « On n’est pas couché », le coprésentateur Aymeric Caron tente d’atténuer la diatribe haineuse d’Onfray en citant des versets et des Hadiths traitant de la miséricorde de l’Islam et des appels à la paix ou à la miséricorde. Mais Michel riposte aussitôt avec une confiance absolue :
« Comme je savais que vous auriez des fiches, j’en ai apporté aussi, on va pouvoir y aller ! »
Émerveillé, le public applaudit à nouveau chaleureusement le philosophe éclairé qui, fier comme un pou, cite alors une série de versets qui prouveraient que le Coran incite à tuer les non-musulmans :
« Exterminez les incrédules jusqu’au dernier », « Frappez-les sur leurs cous, frappez-les aux jointures », « Ce n’est pas vous qui les avez tués, mais Dieu les a tué », « Combattez jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de sédition », « Ô Prophète encourage les croyants au combat ».
Déboussolés, les pauvres spectateurs ne savent plus qui croire. Aymeric a certes une coupe de cheveux qui augmente la probabilité de ses dires, mais Michel lui, est venu avec une liste de versets ! Que faire, qui croire... ?
Soyez rassuré, l’exposition du Coran présentée par Onfray n’est qu’une incitation à la haine dans laquelle il a voulu perpétuer le mythe qui veut que l’Islam approuve et encourage l’usage de la violence aveugle de manière totalement non-légiférée.
Cette manière de présenter les textes sacrés et les musulmans pratiquants est une ruse simple, mais machiavélique qui méritait d’être étudiée de plus près. Prétendre que le Coran est un livre sauvage qui prône les massacres, tout en faisant passer les musulmans pour des abrutis qui — grâce à la laïcité — ont pu rejeter leurs textes sacrés, est non seulement un dénigrement de l’Islam, mais aussi des citoyens français de confession musulmane.
Cette recherche placera sous la loupe les propos de Michel Onfray qui — après avoir été propagés à grande échelle — ont imprégné dans les esprits de millions de Français que le Coran, pris au pied de la lettre, incite les musulmans à tuer les non-musulmans sans aucun discernement. L’authenticité des propos d’Onfray sera vérifiée en analysant les versets susmentionnés afin de déterminer si leur sens apparent correspond réellement aux accusations du philosophe.
Extrait de “L’Islam, Le Coran et Michel Onfray”, à télécharger ici
____________________________
[1] Le nom du Prophète (‘aleyhi assalam) est ‘Mohammad’ et non ‘Mahomet’ qui est une déformation délibérée qui indique la négation du sens que contient le nom Mohammed.