Le Coran est l’ouvrage littéraire le plus éloquent qui n’ait jamais existé. La splendeur et la richesse de ses versets ont laissé bouche bée les plus grands poètes arabes de la Jahiliya. Jusqu’à ce jour, les grands penseurs d’Occident qui ont pu se défaire des préjugés répandus continuent à exprimer leur admiration pour le livre le plus précis, correct et complet à avoir été révélé. « Ne méditent-ils donc pas sur le Coran ? S’il provenait d’un autre qu’Allah, ils y trouveraient certes maintes contradictions ! » [4/82]
Jamais un livre n’a-t-il pu fournir une tranquillité d’âme et d’esprit comme le Coran. C’est un guide pour l’humanité qui donne à la vie tout son sens. Un livre divin qui fut révélé par le meilleur des anges à la meilleure des créatures dans la langue la plus riche et éloquente. C’est le livre le plus lu, récité, mémorisé et pratiqué au monde.
Sans éprouver le moindre scrupule, Michel Onfray attribue au Coran une cruauté intrinsèque et le décrit comme « un texte agressif qui dit qui il faut détester et apprend à décapiter ». Or, les gens de raison n’ont jamais partagé cette appréciation. Le Coran « séduit, étonne et finit par forcer notre révérence. Son style, en harmonie avec son contenu et son objectif, est sévère, grandiose, terrible, à jamais sublime » [1] conclut l’homme politique et poète allemand Johan Wolfgang von Goethe (1749-1832).
L’Islam est une religion parachevée qui aborde tous les sujets dont a besoin l’être humain ; de l’adoration aux transactions, de la spiritualité personnelle à la gouvernance de nations.
En Occident, les gens ont du mal à se faire une idée de la généralité et de l’universalité de l’Islam et, de là, ne comprennent pas qu’il puisse diriger la vie des individus et des sociétés dans leur totalité. L’Islam est une religion parachevée qui aborde tous les sujets dont a besoin l’être humain : Tawhid, adoration, croyance, Histoire, récits des prophètes, sagesse, gouvernance, lois, transactions, sciences, relations sociales, mœurs, etc. Ainsi, les musulmans possèdent une religion qui leur enseigne aussi bien comment manger que comment diriger des nations.
L’Islam est une religion qui prône une société juste avec une gouvernance saine et un système social et économique équitable, mais c’est aussi une religion qui tient compte de la réalité des choses et qui reconnait l’existence de l’injustice sur terre, qu’elle soit perpétrée par des armées impérialistes, des dictatures sécularisées ou des mouvements rebelles. L’Islam autorise donc aux dirigeants de nations islamiques d’employer une violence physique [2] afin de combattre ces injustices, agressions et occupations.
« Et qu’avez-vous à ne pas combattre dans le sentier d’Allah, et pour la cause des faibles : hommes, femmes et enfants qui disent : « Seigneur ! Fais-nous sortir de cette cité dont les gens sont injustes, et assigne-nous de Ta part un allié, et assigne-nous de Ta part un secoureur ». [4-75]
Si l’Islam ne possédait pas de manière légiférée et contrôlée pour défendre les peuples, territoires et intérêts de ses adhérents, il s’agirait d’une religion incohérente caractérisée par une déficience inhérente, car les musulmans pourront alors être persécutés et exterminés à tout moment.
L’Islam permet un vivre ensemble entre musulmans et non-musulmans aussi bien dans les pays islamiques qu’en Occident.
Tout au long de l’histoire humaine, des combats, des batailles et des guerres d’une forme ou d’une autre ont eu lieu. Par conséquent, ce ne sont que des impérialistes ou des néo-croisés aux intentions hégémoniques qui seraient ravis d’apprendre que l’Islam ne contient aucune forme législative dans la conduite, les coutumes et l’art de la guerre [3].
L’Islam n’a pas seulement des lois en temps de guerre, mais aussi en temps de paix, aussi bien pour les musulmans qui vivent en terre mécréante (Dâr al-Kufr) que pour les non-musulmans qui vivent en terre d’Islam (Dâr al-Islâm).
Les musulmans qui vivent dans les pays non musulmans sont interdits d’y commettre toute forme de trahison (ghadr) envers les habitants du pays. L’Islam est une religion qui est venue pour instaurer l’ordre et la vraie justice, non pas le chaos et la turpitude.
D’autre part, la législation islamique protège les non-musulmans dans les terres musulmanes. La tradition prophétique nous enseigne que le citoyen non musulman en terre d’Islam peut avoir trois statuts différents. Ou bien il s’agit d’un Dhimmi (un résident non-musulman dans un pays musulman), d’un Mousta’min (un non-musulman d’un pays en guerre avec les musulmans qui entre en terre d’Islam avec immunité) ou d’un Mu’âhad (un non-musulman appartenant à un pays qui n’est pas en guerre avec les musulmans). Les droits des personnes appartenant à une de ces trois catégories doivent être respectés. Ils ne peuvent être tués, maltraités, volés ou trahis d’une façon quelconque [4].
Il ne s’agit pas d’une « interprétation républicaine » du Coran, mais de la compréhension orthodoxe et littéraliste des textes islamiques. Le Prophète (‘aleyhi assalam) a dit :
« Quiconque opprime une personne [5] avec qui nous avons conclu un pacte, quiconque la dénigre, lui impose un fardeau qu’elle ne peut porter ou lui prend une chose sans son consentement, je le querellerai en sa faveur (c.-à-d. de la personne opprimée) le Jour de la Résurrection. » [6]
L’obligation de respecter les accords conclus avec les mécréants est également mentionnée de manière explicite dans le Hadith où le Messager (‘aleyhi assalam) dit :
« Quiconque tue une personne qui a conclu un pacte (de non-agression) avec les musulmans, ne sentira point l’odeur du Paradis. » [7]
L’Islam permet donc aux non-musulmans de vivre dans les pays islamiques et, inversement, les musulmans qui pratiquent les préceptes de leur religion peuvent vivre en paix dans les pays mécréants s’ils n’y sont pas persécutés et qu’on leur permet d’y pratiquer leur religion en toute liberté [8].
Selon Michel Onfray, boire de l’alcool en dehors du mois de Ramadan est une façon d’être musulmans et peut être justifié par des textes religieux.
Ce respect des pactes peut être retrouvé dans l’exemple du Prophète (‘aleyhi assalam) qui s’est toujours tenu aux accords conclus avec ses plus grands ennemis. Lors des conflits entre Qoreych et les musulmans, certains compagnons furent incapables de quitter la Mecque. Parmi eux il y avait Hudheyfa Ibn al-Yamân qui, dans un Hadith rapporté par Muslim, nous décrit le modèle prophétique dans le comportement à adopter envers les pactes avec l’ennemi. Il dit :
« Il n’y avait rien qui m’empêcha de participer à (la bataille de) Badr si ce n’est que j’étais sorti en compagnie de mon père Husayl. Les mécréants de Quraysh nous attrapèrent et dirent : ‘Vous voulez rejoindre Mohammed?’ Nous répliquâmes : ‘ce n’est pas ce que nous voulons, nous désirons seulement nous rendre à Médine.’ Ils prirent alors de nous un engagement et une promesse au nom d’Allah que nous allions à Médine et que nous ne combattrions pas aux côtés du Prophète. Nous nous rendîmes chez le Messager d’Allah et l’informâmes de la nouvelle. Il nous dit : ‘Partez ! Nous respecterons leur engagement et nous recherchons l’aide d’Allah contre eux [9]. » [10]
Ces éléments peuvent paraître exotiques pour certains, mais sont tous mentionnés dans les hadiths prophétiques que Michel Onfray affirme avoir étudiés. Curieusement, celui-ci n’a repéré que des versets révélés dans un contexte de guerre qu’il présente alors comme des commandements qui doivent être appliqués en temps de paix pour ensuite conclure qu’il y a dans le Coran de nombreuses sourates qui démontrent que « l’Islam est fondamentalement incompatible avec les sociétés issues des Lumières ».
Pour soutenir sa thèse, Onfray a fallacieusement prétendu que le Coran ordonne aux musulmans de commettre des crimes terribles, d’égorger tout juif qui leur tombe sous la main, de frapper les infidèles sur le cou, de les tuer là où ils les trouvent et de les exterminer jusqu’au dernier. En vérité, il a tout mentionné sauf le verset qui explique véritablement, et sans la moindre ambiguïté, le comportement islamique à adopter avec les non-musulmans en tant de paix :
« Allah ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allah aime les équitables. Allah vous défend seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus pour la religion, chassés de vos demeures et ont aidé à votre expulsion. Et ceux qui les prennent pour alliés sont les injustes. » [60/8-9]
Le Coran affirme donc exactement le contraire de ce que prétend Michel Onfray et incite les musulmans à être bienfaisants envers les non-musulmans qui ne les combattent pas, ni ne les persécutent. N’en doutez pas, si les valeurs de la République et de la laïcité française prônaient ce type de bienséance envers les citoyens de confessions musulmane, la France irait beaucoup mieux [11].
Ce ne sont donc pas les sourates coraniques qui rendent incompatible le vivre ensemble, car l’Islam permet aux musulmans de demeurer en terre non-musulmane [12] tout en respectant l’accord conclu avec les autorités mécréantes [13]. Vice-versa, rien n’empêche aux non-musulmans de vivre en paix et en sécurité dans les sociétés musulmanes, que ce soit en tant que Dhimmi, Mu’âhad ou Musta’min.
Michel Onfray stigmatise les musulmans orthodoxes en représentant tout musulman pratiquant comme un égorgeur de juifs.
Malgré les différences fondamentales entre les sociétés musulmanes et laïques, que ce soit d’un point de vue de la croyance, gouvernance, économie ou culture, l’Islam permet, et a toujours permis une société où musulmans et non-musulmans vivent en paix.
Ce qui rend réellement incompatible le vivre ensemble dans une société où résident musulmans et non-musulmans sont la haine, l’islamophobie et le racisme culturel de personnes telles que Michel Onfray qui n’arrive pas à accepter l’« autre » tel qu’il est. Pour Onfray, le musulman qui met en pratique sa religion est automatiquement un intégriste, extrémiste et fanatique. Le philosophe ne cache d’ailleurs nullement son racisme culturel :
« Moi j’ai un ami musulman qui me dit quand arrive le ramadan : ‘j’arrête de boire de l’alcool’. C’est une façon d’être musulman. C’est-à-dire qu’il en boit en temps normal. Vous vous imaginez bien que l’intégriste lui, l’idée même qu’une bouteille d’alcool soit sur sa table ça ne va pas [14]. Donc il y a des différences de degrés entre des gens qui s’appuient sur un même texte pour nous expliquer ce qu’ils prélèvent dans le texte. Et certains prélèvent en effet toute liberté : je mange du porc, je bois de l’alcool, mais je suis musulman tout de même… »
Le critère qui permet de distinguer entre un intégriste et un musulman normal est simple. Celui qui souhaite pratiquer sa religion en suivant les commandements et en s’abstenant des interdictions prescrites par l’Islam (comme s’asseoir à une table où l’on sert de l’alcool) est un intégriste, car il refuse d’accepter les grandes « libertés » de la France qui sont le fait de manger du porc et de se soûler. À l’opposé se trouve le musulman normal qui mange du jambon et boit de l’alcool en dehors du Ramadan. Ce dernier s’appuierait selon Onfray sur le même texte coranique que l’ « intégriste » qui s’abstient de boire de l’alcool durant toute l’année. Voyez-vous, Michel est non seulement grand connaisseur de l’Islam, il est aussi spécialiste des musulmans...
Il est grand temps d’éduquer ce pseudo philosophe qui semble réellement ignorer les aspects les plus élémentaires de la croyance musulmane. En Islam, commettre un péché (comme boire de l’alcool ou manger du porc), ne signifie nullement que la personne conteste son interdiction ou qu’elle considère son péché comme une façon de pratiquer sa religion. Les musulmans ont aussi leurs faiblesses et commettent des péchés, sans pour autant les rendre licites [15].
Michel poursuit sur l’Islam des « bons » musulmans qui, onze mois par an, mangent du porc et boivent de l’alcool :
« Cet islam-là, il me plait, il me va, je ne vais pas le stigmatiser. Je trouve qu’il est républicain, je trouve qu’il est laïc, qu’il est tout à fait rentable quand on défend des valeurs de gauche ‘liberté, égalité, fraternité, laïcité, féminisme.’ Cela ne me pose aucun problème. Après vous grimpez, au fur et à mesure vous avez des gens qui disent ‘non je respecte ceci, je respecte cela’ et puis d’autres qui prennent au pied de la lettre les invitations à égorger ou à massacrer. »
C’est ici que nous assistons à l’apothéose finale de Michel. Tous les musulmans qui refusent de manger du porc ou de boire de l’alcool sont des fous qui prennent au pied de la lettre le Coran qui, rappelons-le, contient des « invitations à égorger les juifs et à massacrer les Français ». La mission est accomplie ; tout citoyen français qui, devant sa télé, a gobé les âneries d’Onfray, percevra désormais tout musulman qui ne mange pas de jambon et qui ne boit pas de vin comme un meurtrier qui cherche à l’égorger…
Extrait de “L’Islam, Le Coran et Michel Onfray”, à télécharger ici
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[1] Johan Wolfgang von Goethe, cité dans « Dictionnaire de l’Islam » de T.P. Hugues, p.526
[2] Ceci n’empêche pas que cette violence militaire est accompagnée d’un code et d’une éthique de guerre.
[3] Voir Haneef Oliver, « Vanguards »
[4] Voir Abdul-‘Azîz Ibn Bâz, « Majmû’ Fatâwa Ibn Bâz » (Vol. 6, p. 283-284).
[5] Il s’agit du non-musulman, car le Hadith parle du Mu’âhad.
[6] Rapporté par Abu Dâwud (3054) et jugé authentique par Sheikh al-Albany dans « al-Sahîha » (1/445)
[7] Sahîh al-Bukhâri (3166) et Ibn Mâjah (2686)
[8] Sheikh Utheymine explique que deux conditions doivent être respectées pour que la résidence du musulman en terre mécréante soit permise. Il doit posséder suffisamment de connaissance, de foi et de détermination religieuse qui lui permettront de rester ferme dans sa religion. La seconde condition est qu’il doit être capable d’extérioriser sa religion de façon à ce qu’il puisse mettre en pratique les préceptes de sa religion. S’il ne lui est pas possible de pratiquer sa religion il est obligé d’émigrer. (« Sharh Thalâthatul Usûl », p. 132-133)
[9] À notre, époque, quel homme de guerre respectera encore ce type d’engagements ?
[10] Sahîh Muslim (4639)
[11] Qui sait, peut-être une réforme de la laïcité doit être envisagée avec l’introduction de valeurs islamiques au sein des constitutions occidentales. Les sociétés séculaires pourront ainsi se défaire de leur épouvantable système politique qui permet la montée de racisme, islamophobie, antisémitisme, etc.
[12] Il est important de préciser qu’il est uniquement permit pour le musulman de résider en terre mécréante pour des raisons bien précises comme la da’wa, le commerce, les soins médicaux, les études, etc. (Sheikh Uthyemin « Sharh Thalâthatul Usûl », p. 135-136.)
[13] Il va de soi que les musulmans vivant en terre non musulmane ont un accord avec l’autorité en place, sinon ils seraient expulsés du pays.
[14] Remarquez que l’islamophobe n’apprécie le musulman que lorsqu’il néglige les commandements de sa religion et s’assimile aux coutumes occidentales. Par contre, le bon citoyen laïc est celui qui respecte à la lettre toutes les lois du système démocratique. On ne lui dira jamais qu’enfreindre quelques lois de la République est une façon d’être laïc.
[15] Celui qui rend licite un péché sachant que l’Islam l’interdit, n’est plus considéré comme musulman.